mercredi 11 juillet 2012

Le stress dans le développement de la maladie d'Alzheimer

Peu de recherches se sont intéressées au rôle du stress dans l'évolution vers la maladie d'Alzheimer (MA) chez les personnes souffrant de troubles cognitifs légers. Une étude financée par la British Alzheimer's Society démarre sur ce sujet dans moins d'une semaine et durera 18 mois.

Huit cent mille personnes au Royaume-Uni souffrent de démence d'après la British Alzheimer's Society, et plus de la moitié d'entre elles de la MA. Dans dix ans, un million de personnes seront atteintes de démence, et d'ici 2051, on en comptera 1,7 million. Il est donc impératif pour les chercheurs de mieux comprendre la maladie pour pouvoir empêcher son développement.

L'étude, financée par la British Alzheimer's Society, fait partie d'un ensemble de six subventions d'une valeur de 1,5 million de livres sterlings (1,8 million d'euros) octroyées par l'association. «Nous traversons tous des périodes de stress. Nous tentons de découvrir comment ces périodes de stress peuvent se transformer en facteurs de risque pour le développement de la MA», commente Clive Holmes, professeur de psychiatrie biologique de l'université de Southampton au Royaume-Uni, responsable de l'étude. Il s'agit d'une première étape pour développer des moyens d'intervention.

L'étude démarrera dans les prochains jours et durera 18 mois. Les chercheurs suivront 140 personnes âgées de 50 ans et plus souffrant de troubles cognitifs bénins. Les participants seront évalués pour leur taux de stress et pour toute progression d'un trouble cognitif bénin vers la démence. D'après les chiffres actuels, près de 60% des personnes souffrant de troubles cognitifs bénins évolueront vers la MA.

Les participants à l'étude seront comparés à un groupe contrôle de 70 personnes ne souffrant d'aucun problème de mémoire. Tous les sujets devront passer des tests cognitifs. Des questionnaires permettront notamment d'évaluer leur personnalité et leur gestion des évènements stressants.

Des échantillons de sang et de salive seront prélevés tous les six mois pour mesurer les marqueurs biologiques de stress. Les échantillons de sang évalueront la fonction immunitaire, et les échantillons de salive permettront de connaître les taux de cortisol, libérés par l'organisme en réponse au stress chronique.

Le processus sera réitéré tous les 6 mois pour mesurer toute évolution de trouble cognitif bénin en Alzheimer. «La vitesse de la progression est très variable ; mais un facteur fortement impliqué dans le processus est le stress chronique», commente le professeur Holmes. «La dégénérescence peut être déclenchée par un changement important, généralement négatif, comme une longue maladie, une blessure ou une opération chirurgicale importante.»

L'étude examinera donc les «deux aspects de l'atténuation du stress, physique et psychologique, et la réponse de l'organisme à cette expérience», explique-t-il. Le professeur Holmes poursuit en expliquant que «tout élément comme une expérience traumatisante ou un deuil, ou parfois même un simple déménagement, peut constituer un facteur potentiel».

«Il s'agit d'un domaine de recherche très important qui nécessite davantage d'attention», commente Anne Corbett, responsable de la recherche de l'association britannique. «Les résultats pourraient nous permettre de comprendre comment développer de meilleurs médicaments ou trouver les moyens de gérer la maladie. Elle permettra également de comprendre comment les différents moyens de gérer les évènements stressants peuvent influencer le risque de développer l'Alzheimer.»
D. Monnier 29 juin 2012

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