dimanche 6 janvier 2013

Bien respecter les règles de bon usage des benzodiazépines pour limiter les risques dont celui de démence

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait le point après avoir à nouveau analysé l’existence d’un lien entre la consommation de benzodiazépines et le risque de démence, dont la maladie d’Alzheimer (1). Son groupe expert en épidémiologie a discuté des résultats de l’étude « Benzodem », dirigée par le Pr. Bégaud (2) ainsi que des résultats préliminaires des travaux réalisés par le Pr. Christophe Tzourio issus des sujets participant à l’étude des Trois-Cités (3C).
L’étude « Benzodem » confirme l’existence, dans la population française vivant à domicile, d’une association entre la prise de benzodiazépines et le risque de démence chez les personnes âgées de plus de 65 ans.
Ces résultats sont cohérents et convergents avec les données préliminaires de l’étude des « 3C ». Ces données restent à finaliser mais suggèrent un signal qui englobe non seulement les benzodiazépines mais plus largement l’ensemble des médicaments psychotropes. Les données disponibles ne permettent pas d’établir une relation entre la dose, la durée et l’effet.
Les différentes études menées dans le champ de l’utilisation des benzodiazépines montrent que leur consommation en France reste l’une des plus élevées en Europe. Ce niveau de consommation et l’utilisation de ces médicaments sur des durées plus longues que celles indiquées dans le cadre de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) représentent un problème de santé publique identifié depuis de nombreuses années, en raison, notamment, des risques d’abus, de dépendance, de chutes et de troubles de la mémoire et du comportement.
Même s’il est important de rappeler, tout comme l’ont souligné les experts, que ces études épidémiologiques observationnelles ne peuvent pas mettre en évidence avec une certitude suffisante un lien de causalité entre la prise des benzodiazépines et la survenue d’une démence, cette association, bien que de faible intensité, vient s’ajouter aux autres risques déjà identifiés.
L’ANSM souhaite donc rappeler les règles de bon usage des benzodiazépines et va poursuivre et intensifier les mesures déjà entreprises.
Règles de bon usage des benzodiazépines :
- la prescription des benzodiazépines à visée anxiolytique et hypnotique ne doit être envisagée qu’après échec des approches non médicamenteuses. La première prescription chez un patient est une prescription à risque qui peut entraîner le patient dans un processus de consommation de longue durée alors que l’effet thérapeutique sera épuisé.
- cette prescription doit être la plus courte possible et ne doit pas dépasser les durées préconisées dans le cadre de l’AMM.
- cette prescription doit être régulièrement réévaluée quant à son efficacité et ses effets indésirables.
- le patient doit être informé des risques liés à cette consommation et accompagné dans l’arrêt de sa consommation dont on sait qu’il peut être difficile quand la dépendance est installée.
L’ANSM rappelle toutefois que les benzodiazépines ont démontré leur utilité thérapeutique en particulier en tant qu’anxiolytique et hypnotique lorsqu’elles sont correctement utilisées.
1- Les précédentes conclusions du groupe ont été publiées dans le rapport sur l’état des lieux de la consommation des benzodiazépines en France de janvier 2012. Le groupe s’était engagé à examiner les résultats de l’étude du Pr Bégaud après leur publication.
2- Billioti de Gage S, Bégaud B, Bazin F, Verdoux H, Dartigues JF, Pérès K, Kurth T, Pariente A. Benzodiazepine use and risk of dementia: prospective population based study. BMJ. 2012 ;345:e6231.
ANSM décembre 2012
Info D. Monnier le 30 décembre

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